Trois ministres ? Et pour quoi faire ?

21/8/2022

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La CGT Éduc’action Mayotte considère que le gouvernement n’a pas pris la mesure de la situation vécue à Mayottedepuis de nombreuses années. Que pouvons-nous, au fond, attendre du ministreGérald Darmanin, de son ministre délégué aux Outre-Mer Jean-François Carenco et de la secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance Charlotte Caubel avant tout occupé-e-s à saccager notre modèle social ?  Notre organisation s’inquiète de l’immobilisme affiché ses cinq dernières années faceà l’intensification des violences scolaires et à l’errance croissante desjeunes de notre île.

Un plan d’urgence,quel plan d’urgence ?

Il n’est pas concevable d’envisager une quelconque évolution si la situation sociale de l’île n’est pas appréhendée dans sa globalité. Car c’est bien d’une crise sociale systémique dont il s’agit. Aux problèmes de vie chère et de précarité, s’ajoutent les bas salaireset les faibles pensions, les difficultés d’emplois et le faible nombre deformations. Rien d’étonnant si notre jeunesse peine à s’insérer dans la vie active : 36 % des 15 à 29ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation[1] ; quant aux taux d’échec des étudiants mahorais en dehors de l’île, il avoisinerait les 50 %[2]. Une situation sociale comparable à celle des pays du tiers-monde où notre île est le département leplus touché en termes de violence, de maltraitance et de malnutrition des enfants.

C’est cette absence de perspectives couplée à une précarité sans commune mesure ailleurs en France[3] qui constitue, selon nous,la cause principale de l’explosion de la délinquance sur l’ensemble du territoire. Aussi, tout nous conduit à l’exigence de plus d’éducation pour tousles jeunes dans un contexte où les inégalités continuent à se creuser

-      soit parce que certains droits sociaux n’ont tout simplement pas été accordés à la population de Mayotte,

-      soit parce que les moyens alloués restent, année après année, largement insuffisants pour répondre aux besoins de l’île.

Pour y remédier, nous avons besoin d’un véritable plan d’urgence pour tous les services publics et de l’alignement de tous les droits sur ceux de l’hexagone.

La solution, c’est l’éducation !

La CGT Éduc’action Mayotte réaffirme que la principale solution aux multiples problèmes sociaux de notre département se trouve dans le développement de notre service public de l’éducation. A l’inverse, les politiques de décasage, de reconduite à la frontière, de durcissement de l’acquisition de la nationalité et d’entrave à la liberté de circuler n’ont fait qu’accroître et alimenter la violence du système qui s’abat sur nos jeunes, sur fond de racisme et de discrimination. Un choc d’investissement public dans l’éducation est donc plusque jamais nécessaire :

-      pour offrir à nos élèves des enseignements et des apprentissages adaptés à leurs besoins, débouchant sur une formation qualifiante, leur permettant de s’insérer durablement dans la société ;

-      pour permettre aux personnels d’effectuer un travail de qualité, dans des conditionsde vie et de travail adéquates, les conduisant à s’inscrire durablement dans le projet éducatif de l’île.

Ce n’est qu’à cette condition que ce nouveau gouvernement pourra redonner de l’espoir aux habitant-e-s de cette île.

La CGT Éduc’action Mayotte demande aux ministres, dès à présent, en cette période de rentrée scolaire, d’intervenir rapidement et de prendre les mesures qui s’imposent pour ramener la sérénité dans ce territoire et pour que l’École ne soit plus synonyme de danger.

Définitivement, ce n’est pas de visite ministérielle et de discours sur l’immigration dont nous avons besoin, mais de moyens pour nos services publics !

 

Pour le bureau,

Jérémie SAISEAU

Bruno DEZILE


[1] Cetteproportion est presque trois fois plus importante que la moyenne nationale (13%). Ces jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation représentent 26 %des 15-29 ans à la Réunion, 25 % aux Antilles, et 31 % en Guyane. Cf. https://www.insee.fr/fr/statistiques/6483933#onglet-2.

[2] Cf. https://www.mayottehebdo.com/actualite/education/statistiques-parcoursup-parcours-combattant/

[3]Par exemple, à Mayotte, la moitié de la population vit avec moins de 3 140euros par an (revenu médiant) contre 23 860 euros en Ile-de-France et10 990 en Guyane. Cf. https://www.insee.fr/fr/statistiques/4632225

L'équipe CGT Educ'action Mayotte

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